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La P’tite Vadrouille à La Ressourcerie Culturelle

La P’tite Vadrouille (épisode 20)

Posons le sac pour mieux écouter et apprécier les mots de Zoé qui nous ouvre les portes de La Ressourcerie Culturelle, un univers incroyable pour qui aime le monde du spectacle ! A droite des projecteurs, à gauche des décors… Mais où sommes-nous exactement ?

Je suis complètement novice en la matière : Qu’est-ce qu’une ressourcerie culturelle ?

Alors une ressourcerie culturelle c’est d’abord une ressourcerie, c’est à dire une structure qui va faire du réemploi et donc donner une seconde vie à des matériels ou des matériaux qui ont déjà eu une première vie. Nous la particularité c’est qu’on est spécialisé sur le secteur culturel. Alors c’est assez vaste au final ! Nous on est essentiellement autour du spectacle vivant. Ca a été vraiment notre point de démarrage. Donc aussi bien la musique, que le théâtre par exemple. Et petit à petit on va vers d’autres vers d’autres secteurs culturels qui vont être par exemple le design, un petit peu, la mode et de plus en plus la muséographie, les expositions, où on va pouvoir récupérer par exemple des expositions temporaires ou du mobilier qui va être dans ce dans ce registre là.

Un mobilier qui n’est pas abîmé ?

Ca dépend, il y a un petit peu tout ! Il y a aussi des matériels qui ont été stockés pendant plusieurs années. C’est vraiment ça le constat de départ à La Ressourcerie Culturelle c’est de dire que dans les structures culturelles, que ce soit dans un théâtre, dans un opéra, il y a beaucoup de de restes de production qui ont été en fait stockés. Au départ temporairement, parce que le spectacle ne tournait plus, puis qui se sont accumulés dans les caves, dans les hangars, sans que ce matériel ne ressorte jamais.

Et donc nous, ça a été vraiment l’idée de dire d’une part, c’est pas logique que ça reste, que ça traîne dans les dans les stocks, parce que c’est inutile. Et en plus il y a d’autres acteurs qui auraient besoin de ces matériaux. On est vraiment à l’heure de la transition écologique, où on se dit les ressources on en fait pas n’importe quoi. Il faut pouvoir être dans une logique de sobriété, les réutiliser. Donc on va sortir tout ça des caves, des greniers, des hangars, et on va essayer de les mettre en valeur. Donc d’être vraiment dans une logique de réemploi, pour que ça trouve une seconde vie.

Sur notre région, il y a que celle de Montaigu?

Oui il y en a une seule en Pays de la Loire. On a vocation a travailler avec tous les acteurs du secteur Pays de la Loire.

On en a pas parlé, quand a été créée cette ressourcerie ?

Le projet de ressourcerie est né en 2018, c’est assez récent. On est avant le covid quand même et ça a eu un impact. En 2018 c’est Damien Forget, qui est le fondateur du projet, qui fait ce premier constat de dire que non, c’est pas possible de laisser autant de matériel inutilisé dans toutes les structures culturelles. Et surtout, lui qui est quelqu’un de très implanté dans le secteur des musiques actuelles depuis longtemps, qui est un militant de la culture, et qui voit qu’il y a plein de petites structures culturelles qui n’ont pas beaucoup de moyens, et à côté on a les grandes structures qui elles ont plein de moyens, et qui sous-utilisent un certain nombre de matériel. Donc voilà, on s’est dit c’est pas possible, on va faire un peu les Robins des bois ! Je schématise, mais l’image est efficace ! Et donc on va réfléchir à comment est-ce qu’on peut créer une économie circulaire à l’échelle du secteur culturel.

Aujourd’hui Zoé vous êtes combien à travailler à La Ressourcerie Culturelle ?

On est six personnes aujourd’hui. Six salariés à temps plein, et on travaille aussi avec deux prestataires réguliers qui vont apporter des compétences supplémentaires :

Une scénographe, Lise Mazeaud, qui vient apporter toute une expertise autour de son métier, de la scénographie, de l’éco-conception, et qui s’est vraiment spécialisée sur des projets à base de réemploi.

Et on travaille aussi avec Gaëlle Pavageau, qui est éducatrice spécialisée, puisqu’on a aussi envie que ce lieu soit un support de ce qu’on appelle la médiation éducative. C’est à dire qu’on puisse à partir de cet outil, pour pouvoir faire des expérimentations, notamment accompagner des jeunes qui sont en décrochage scolaire. Par exemple on travaille avec la mission de lutte contre le décrochage scolaire, ou d’autres structures sociales pour essayer de remobiliser des jeunes ou autres.

Moi ce que je trouve de très intéressant et de très riche en fait, c’est qu’on a compris le projet d’origine en 2018, et finalement en très peu d’années ce projet il évolue, se spécialise sur différents domaines. Parce que j’imagine que sur les six personnes qui travaillent ici à la ressourcerie vous avez chacun votre casquette.

Oui c’est ça ! Aujourd’hui donc on a deux personnes qui sont sur le volet logistique. Donc c’est vraiment les les maitres des lieux ici ! Ils vont être sur tout ce qui est préparation de commandes, sur toute la partie vente. On a Mylène qui est notre chargée de communication et commercialisation, qui va mettre en valeur tout ce qu’on fait ici. Parce que l’idée c’est vraiment que le matériel il puisse ressortir. Donc c’est aussi comment est-ce qu’on en parle, comment est-ce qu’on met en valeur pour qu’il puisse ressortir. Il y a Timothée qui est chargé d’administration parce que ça devient quand même une grosse machine avec beaucoup d’administration derrière. Moi je fais du développement. Ce qu’on appelle du développement, l’idée c’est d’aller rechercher des nouveaux partenariats, de nouvelles actions, de nouveaux axes de développement justement.

Parle nous de ton quotidien. Parce que là, moi ça me questionne ! C’est très très très dense !

Moi je suis une spécialisée sur sur un pôle qui s’appelle “la mutualisation”. L’idée c’est de voir comment est-ce qu’on peut mettre des acteurs en commun pour mettre en partage du matériel. Donc ça peut être ce type de matériel, plutôt événementiel, qui va être partagé entre diverses structures pour de l’événementiel de type festival ou sur des salons ou autres. Moi je vais travailler sur cet aspect là : comment est-ce qu’on crée des outils pour mettre en partage. Parce que ça pose après plein de questions sur l’assurance, sur le prix etc. Donc j’essaie de travailler sur ces réflexions là. On a aussi un autre type de projet qui est plutôt sur des investissements groupés, où on va avoir des festivals qui, ensemble, vont investir dans un matériel qu’ils n’auraient jamais pu acheter tout seul. Quand on est sur des festivals d’assez grande taille, ça demande aussi des investissements particuliers. Donc là, l’idée ça va être de partager des équipements puisque, par nature, l’événementiel est éphémère. C’est à dire qu’un festival ça dure 5 à 10 jours et après on plie boutique, et à l’année prochaine ! Donc là l’idée c’est comment est-ce qu’on peut, pour un équipement, tout simplement avoir plusieurs plusieurs usagers, plusieurs utilisateurs, sur toute l’année.

Mais en fait c’est une démarche qui est pleine de bon sens !

C’est vraiment à un moment où on voit que de toute façon qu’il va falloir qu’on fasse attention à nos ressources, parqu’elles sont limitées par définition. Cest vraiment comment est-ce qu’on fait pour éviter que chacun, dans un dans un rayon de 100 km à la ronde, ait sa grosse machine. Nous on va plutôt réfléchir à comment on partage l’usage. Et pour la petite anecdote, ce principe de mutualisation, il a été inspiré par le principe des CUMA. Les coopératives de matériel agricoles. Des structures très anciennes et qu’on connaît très bien en milieu rural. Donc c’est exactement le même principe : on rassemble, on fait un groupe de gens qui ont les mêmes besoins, et on va investir en commun. Comme d’autres investissent dans un tracteur ou une machine moissonneuse-batteuse. Nous on va investir dans des gros barnums, des structures, des fontaines à eau, des toilettes sèches. Voilà pour les festivals, ça irrigue vraiment tous les acteurs du territoire.

Est-ce que vous avez ici à La Ressourcerie Culturelle un espace de réparation ou de création ?

On a deux espaces : on a un espace de réparation, plutôt pour le son et lumière, puisque ça fait partie des premiers ateliers qui ont été mis en place à la ressourcerie. En fait on récupérait beaucoup de matériels sont et lumière, des projecteurs, des systèmes de sonorisation, des enceintes… C’est des matériels qui parfois n’étaient plus en état de fonctionner. Donc on a eu Nicolas Rousseau qui pendant plusieurs années qui a été l’électrotechnicien-valoriste. Donc il fallait vraiment bidouiller pour remettre en état les matériels.

Puis on a un deuxième espace, qui est un atelier de construction. L’idée c’est vraiment de pouvoir accueillir les scénographes sur place. Ici ils vont pouvoir trouver à disposition le matériel et les matériaux dont ils peuvent dont ils peuvent avoir besoin. C’est vraiment là un vrai atout de pouvoir construire avec la matière juste à côté. Nous on les accompagne dans ce travail de sourcing. C’est à dire d’aller repérer par exemple des structures métalliques, et de se poser la question avec eux “ ok à partir de cette structure, de cet arche, qu’est-ce que vous allez pouvoir en faire ? ”. Forcément pour eux, c’est d’autres réflexes aussi. Le réflexe réemploi c’est pas si simple. Il faut peut-être dés-apprendre ce qu’on a appris à l’école, pour se dire “ok, comment est-ce que je fais avec des structures qui sont déjà existantes, avec une arche métallique ? Comment est-ce que je la transforme ? Comment est-ce que je m’en empare pour l’amener ailleurs ? ”

L’atelier c’est un super espace !

Les scénographes peuvent venir louer l’atelier pendant une semaine, quinze jours, pour monter leur scénographie. Ce qui est super, c’est qu’on a vraiment de la place, de la hauteur. C’est ce que recherchent les scénographes.

Est-ce que ça ça marche de plus en plus ? Est-ce que vous sentez que la mayonnaise prend ?

Complètement. Souvent les scénographes quand ils sont, soit avec des compagnies, soit indépendants, ils n’ont pas leur propre espace de travail la plupart du temps. Avoir ce genre d’espace là, c’est pas c’est pas si simple et puis il faut pouvoir l’entretenir etc. Donc voilà, l’idée c’est vraiment d’être un espace dont on peut s’emparer, et qui est totalement modulable. On a tous les établis qui peuvent se bouger. On a de la quincaillerie on a des outils. Il n’y a plus qu’à mettre les pieds sous la table quasiment !

Les gens peuvent venir bricoler ici, et puis c’est aussi un espace où on a nos ateliers du réemploi. Tous les vendredis matin, on a des ateliers avec Gaëlle, qui est notre éducatrice spécialisée. Il y a des chantiers participatifs qui sont ouverts aux jeunes, qui sont ouverts aux seniors, ça fait des moments assez intergénérationnels et c’est ça qui est chouette ! Il y a plein de gens qui aiment bien bricoler, mais qui ne savent pas trop comment s’y prendre. Nous on leur propose de venir bricoler, sur soit sur des objets particuliers, soit sur de la réparation, de la remise en état, selon les besoins. Si nous on a un gros chantier par exemple, ça peut être de venir donner un petit coup de main bénévolement. Donc voilà c’est voilà, c’est ça, c’est aussi de voir comment est-ce que autour de ce lieu gravite des énergies bénévoles. Ca nous intéresse pas mal !

Au-delà de tout ça, ça permet toi aussi de sensibiliser les gens à ce projet de ressourcerie culturelle

Complétement ! Ce qui est intéressant, c’est qu’ils voient les coulisses du secteur culturel. Parce qu’en fait, c’est pas si souvent qu’on peut voir comment se construit un décor, le matériel son et lumière etc. Et puis c’est de mettre un petit pied dans ce grand grand projet !

Et toi justement Zoé, comment tu es arrivée à ce projet ? T’es issue du monde du spectacle ou pas du tout ?

Moi je viens vraiment de la production de spectacle, j’ai beaucoup travaillé avec des compagnies, sur des festivals sur le grand ouest et la Nouvelle Aquitaine. Puis j’ai rencontré Damien, qui est le porteur de projet. J’étais assez sensibilisée aussi aux questions écologiques. En travaillant avec les structures, tu vois aussi les incohérences ou les absurdités du système de production de spectacles. J’ai l’impression que la crise du covid a aussi mis en lumière tous ces questionnements là de “on produit beaucoup dans le secteur culturel” ou “on fait des événements qui sont tellement gigantesque, on détériore les endroits où on se met”, ou “c’est très énergivore” etc. Donc voilà ça a été les premiers pas pour se dire : comment est-ce qu’on peut participer tout simplement à rendre un secteur culturel plus responsable ? Je suis assez fière de tous les chantiers qu’on a fait cette année. Notamment on a participé au démantèlement de Transfert qui est un gros événement sur Nantes. C’était une friche artistique qui arrivait au bout de son exploitation. Ils se sont retrouvés avec un site gigantesque, où il y avait plein de bâtis, plein de matériels etc. Ils nous ont sollicité pour penser avec eux la déconstruction et le démantèlement de leur site. C’est hyper important parce que demain on pensera à la fin des projets au moment de les concevoir. C’est ça qu’il faut, parce que sinon on met des petits faux pas, des petites erreurs. Quand on parle d’éco-conception c’est vraiment ça, c’est à dire on pense la fin de vie d’un projet, la fin de vie d’un équipement, d’un décor, au moment de sa conception. C’est ça nous permet de réfléchir à comment on va pouvoir le réemployer plus facilement. C’est à dire privilégier les vis au clous. Ca paraît anodin, mais une vis on peut l’enlever facilement sans détériorer la matière, alors qu’un clou, pour leur sortir ben en général on va abîmer la planche.

Ca fait trois ans que tu es là aujourd’hui, est-ce que tu sens que le mouvement prend davantage, qu’il se développe, qu’il peut essaimer ?

C’est plutôt en train de grandir. On a un réseau de ressourceriees de plus en plus dense au niveau national. Ca veut dire que maintenant dans quasiment chaque région on a une ressourcerie culturelle en capacité de traiter les flux de son territoire. L’idée bien sûr, ça n’est pas que nous on absorbe des flux qui viennent de Paris ou qui vont à Marseille. Ca n’a pas de sens, on reste dans une logique aussi territoriale, sinon on créerait de la pollution ou ça créerait d’autres impacts de renvoyer les choses ou de les faire venir de très loin. Vraiment l’idée c’est comment est-ce qu’on crée un écosystème à l’échelle d’une région qui est géographiquement intéressante et pertinente.

Merci beaucoup Zoé, on se rappellera quand même de cette ressourcerie culturelle ça c’est sûr ! Et on essaiera de sensibiliser les gens en tout cas à votre démarche

Avec plaisir à bientôt et bonne route à vous !

Marion Blanchet de « La Petite Vadrouille” sur TV Vendée (Episode 20 du 04/08/2023)